A Lille, le nouveau centre commercial ouvre sous un flot de critiques
Lillenium, un bâtiment en béton blanc de 56 200 m2, a ouvert ses portes le mardi 25 août. Les écologistes dénoncent un modèle de consommation obsolète et énergivore.
« Hors sol, à contretemps, et destructeur », pour les écologistes lillois. « 55 000 m² de béton aux portes de Lille-Sud, secteur saturé et pollué par la proximité avec le périphérique », dénonce le comité lillois de Génération.s. « Un contre-exemple parfait de ce que la crise sanitaire nous a appris : consommer moins, mieux, local, favoriser la production artisanale et soutenir les entrepreneurs de notre région », pour la conseillère municipale d’opposition, Violette Spillebout.
A Lille, l’ouverture d’un nouveau centre commercial a rarement suscité un tel déchaînement de critiques. En ce mardi 25 août, les promoteurs de Lillenium se consolent en voyant près de 5 000 curieux fouler le sol de ce bâtiment futuriste en béton blanc, dessiné par l’architecte Rudy Ricciotti. Inondés de lumière naturelle via une impressionnante verrière de plus de 1 hectare, les 56 200 m2 de commerces et de loisirs se veulent une réponse aux besoins des 130 000 habitants estimés dans la zone de chalandise.
Mais Lillenium – « une chance pour Lille », tweetait le maire, Martine Aubry (PS), en 2017 – arrive tard. Imaginé il y a près de quinze ans, livré avec plusieurs années de retard à la suite d’une série d’embûches, et sauvé en partie grâce aux fonds de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine et de la Caisse des dépôts, Lillenium vient s’ajouter aux 11 centres commerciaux de la métropole lilloise.
Si, en 1994, le maire de la capitale des Hauts-de-France, Pierre Mauroy, était applaudi pour avoir fait couler le béton en construisant la gare Lille-Europe et Euralille, l’un des plus grands centres commerciaux de France, vingt-six ans plus tard le contexte a changé. Depuis, les centres commerciaux s’essoufflent, et la pandémie de Covid-19 a aggravé la crise du commerce physique. « J’avais appréhendé les difficultés liées au changement du commerce avec l’engrenage des “gilets jaunes”, la crise du textile, les mouvements sociaux, mais c’est compliqué d’intéresser les gens quand ils n’ont pas faim », confie Raphaël Abitbol, président de Vicity, promoteur de Lillenium.
Face aux critiques, qui dénoncent un modèle de consommation obsolète et énergivore, Romain Demettre, directeur général de Vicity, à l’origine de ce projet, répond : « Le circuit court, c’est aussi de rester en ville comme nous dans ce quartier, et pas en périphérie. Ici, nous avons investi 230 millions d’euros et l’on a créé un vrai centre de vie. » Et si c’était à refaire ? « J’ai eu beaucoup de leçons de morale depuis dix-sept ans mais je pense que le commerce physique n’est pas mort car il a besoin de services, à la différence d’Amazon. »
Malgré un contexte difficile, deux autres énormes paquebots commerciaux seront livrés ce mois-ci en France : Mon Grand Plaisir sur la zone commerciale des Clayes-sous-Bois (Yvelines) ce 27 août, et Steel, le 16 septembre à Saint-Etienne (Auvergne-Rhône-Alpes).