Protoxyde d’azote : le Nord, département le plus touché de France

Publié le par La Voix du Nord via M.E.

Ce sont de petites cartouches grises en métal qui traînent sur les trottoirs depuis trois ans. Des cartouches pour siphon à chantilly qui contiennent du gaz hilarant, que les jeunes transfèrent dans un ballon avant de l’inhaler.
Certains en consomment plusieurs centaines par jour. Et, selon le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) qui a étudié les cas traités par les centres antipoison, c’est dans le Nord que l’on en compte le plus, entre le 1 er janvier 2017 et le 31 décembre 2019. Avec quinze cas quand le département suivant n’en compte que six.
Si l’on n’avait pas encore eu de chiffres aussi précis, on savait le département particulièrement touché. C’est d’ailleurs pour cela que le député nordiste Ugo Bernalicis (LFI) avait déposé une proposition de loi à l’Assemblée dès janvier 2019 pour encadrer la vente du « proto » aux mineurs.
Selon le rapport, la consommation peut aller de quelques cartouches en soirée à plusieurs centaines par jour. PHOTO PASCAL BONNIERE

Des élus du Nord mobilisés

En avril, huit sénateurs (du Nord, toujours) lui avaient emboîté le pas en proposant à leur tour une loi où l’incitation de vente aux mineurs pourrait être punie d’un an de prison et de 3 750 € d’amende. La loi a été adoptée à l’unanimité au Sénat et elle est toujours en discussion à l’Assemblée.
En attendant, le protoxyde provoque des ravages : fin 2019, le centre régional d’addicto-vigilance signalait quatre cas d’adultes qui souffraient de sclérose combinée de la moelle épinière, suite à une consommation excessive. Une pathologie grave. Et le rapport de l’ANSES parle d’atteintes neurologiques et neuromusculaires dans la grande majorité (71 %) des cas recensés et de symptômes cardio-vasculaires dans 15 % des cas. Avec une augmentation de la consommation constante depuis 2018.
en moyenne 21 ans

Toujours selon le rapport, les usagers ont en moyenne 21 ans et consomment les cartouches dans un contexte festif comme des soirées étudiantes ou à domicile, en association avec des drogues et/ou de l’alcool dans 30 % des cas. Les fréquences de consommation vont de quelques cartouches consommées de façon ponctuelle à plusieurs centaines par jour pendant plusieurs mois.
Dans leurs conclusions, les auteurs du rapport insistent sur la nécessité d’une prévention en direction des jeunes : « Des actions réglementaires mériteraient d’être discutées telles que l’interdiction de la vente aux particuliers, un étiquetage spécifique et la possibilité de substituts pour les cartouches accessibles en vente libre. »
 
A lire aussi :
- Inhalation de protoxyde d’azote : l’ANSES recommande d’améliorer la réglementation et de mieux informer des risques sanitaires potentiels https://www.anses.fr/fr/content/inhalation-de-protoxyde-d%E2%80%99azote-l%E2%80%99anses-recommande-d%E2%80%99am%C3%A9liorer-la-r%C3%A9glementation-et-de-mieux
- Protoxyde d’azote: un gaz hilarant aux séquelles neurologiques loin d’être drôles https://www.anses.fr/fr/system/files/VigilAnsesN11_Juin2020_VPC_Proto.pdf

- Protoxyde d'azote : Étude des cas rapportés aux Centres antipoison entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2019, Rapport d'étude, ANSES, juin 2020, https://www.anses.fr/fr/system/files/Toxicovigilance2019SA0216Ra.pdf

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