Comment la Nouvelle-Zélande a stoppé le COVID-19 : 5 leviers d'action
La modélisation montre qu'il est très probable que la Nouvelle-Zélande ait éliminé le coronavirus. La garder ainsi est le prochain grand défi pour ce pays.

Selon notre modélisation à l'Université d'Otago, il est désormais très probable (bien au-dessus d'une probabilité de 95%) que la Nouvelle-Zélande ait complètement éliminé le virus. Cela est conforme à la modélisation de nos collègues de Te Pūnaha Matatini (un centre de recherche basé à l'université d'Auckland).
C'est également le 17ème jour depuis la notification du dernier nouveau cas. La Nouvelle-Zélande compte un total de 1 154 cas confirmés (le total combiné des cas confirmés et probables est de 1 504) et 22 personnes sont décédées.
L’actualité d’aujourd’hui est une étape importante et un moment à célébrer. Mais alors que nous continuons de reconstruire l'économie, il reste plusieurs défis à relever si la Nouvelle-Zélande veut conserver son statut exempt de COVID-19 pendant que la pandémie se poursuit ailleurs.
Que signifie l'élimination
L'élimination est définie comme l'absence d'une maladie au niveau national ou régional. L'éradication fait référence à son extinction mondiale (comme pour la variole).
L'élimination nécessite un système de surveillance hautement performant pour garantir qu'en cas d'échec du contrôle aux frontières, de nouveaux cas seraient rapidement détectés. Les définitions convenues sont importantes pour rassurer le public et servir de base pour étendre les liens de voyage avec d'autres pays qui ont également atteint l'élimination.
Il est important de se rappeler que les cas actifs ne sont pas ceux dont nous devons nous inquiéter. Par définition, ils ont tous été identifiés et placés en isolement et il est très peu probable qu'ils infectent les autres. Le véritable objectif de l'élimination est d'arrêter la propagation silencieuse des cas invisibles dans la communauté. C'est pourquoi nous avons besoin d'une modélisation mathématique pour nous dire que l'élimination est probable.
Tout comme la Nouvelle-Zélande s'est préparée à la pandémie, la période de post-élimination requiert une «proactivité maximale».
Voici cinq leviers de gestion des risques pour assurer une protection durable de la Nouvelle-Zélande contre COVID-19 et d'autres menaces graves pour la santé publique.
1. Établir une utilisation publique des masques faciaux en tissu avec des caractéristiques définies
La protection de la santé repose sur de multiples barrières à l'infection ou à la contamination. Il s'agit de la pierre angulaire de la protection de l'eau potable, de la sécurité alimentaire et des frontières contre les incursions d'agents biologiques.
Avec la fin des distances physiques, nous recommandons au gouvernement d'envisager sérieusement de rendre obligatoire le port du masque dans les transports publics, dans les avions et dans les installations de contrôle aux frontières et de quarantaine. Les autres mesures d'hygiène personnelle (rester à la maison en cas de maladie, se laver les mains, tousser dans les coudes) sont insuffisantes lorsque la transmission provient souvent de personnes qui paraissent bien et peuvent propager le virus simplement en respirant et en parlant.
La base de preuves de l'efficacité des masques faciaux en tissu, même simples, est désormais solide, selon une récente revue systématique publiée dans The Lancet. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également mis à jour ses directives pour recommander à tous de porter des masques en tissu dans les lieux publics où il existe un risque de transmission. La mise en place d'une culture d'utilisation de masques faciaux dans des contextes spécifiques en Nouvelle-Zélande facilitera leur utilisation si nécessaire lors de futures épidémies.
2. Améliorez l'efficacité de la recherche des contacts avec des outils numériques appropriés
En cas d’échec des contrôles aux frontières, le système national néo-zélandais de recherche des contacts reste une mesure d’arrêt cruciale pour contrôler les flambées. Mais il existe un potentiel important pour que de nouveaux outils numériques améliorent les processus actuels, bien que des garanties de confidentialité appropriées soient intégrées. Pour être efficaces, ces solutions numériques doivent avoir une adoption élevée et prendre en charge un suivi des contacts très rapide. Les applications téléchargeables semblent insuffisantes et la Nouvelle-Zélande et Singapour étudient actuellement les appareils compatibles Bluetooth qui semblent mieux fonctionner et pourraient être distribués à tous les résidents.