Coronavirus : une prédisposition génétique au COVID-19 ?
Pourquoi certains jeunes développent des formes graves du COVID-19 alors que la grande majorité de leurs pairs semblent épargnés par la maladie venue de Chine ? Pour plusieurs experts, la raison se trouve dans leur ADN. Des gènes favorisaient le développement de cas graves chez les moins de 50 ans.
Les principales victimes du nouveau coronavirus sont des seniors, avec un âge moyen des décès de 81 ans en France. Toutefois, en parallèle… on observe que certaines personnes âgées de moins de 50 ans sans aucun comorbidité développent aussi des formes graves de COVID-19. Les scientifiques pensent avoir trouvé une explication dans leurs gènes.
Les équipes du professeur Jean-Laurent Casanova et de Laurent Abel de l'Institut Imagine à Paris scrutent notre ADN afin de mieux comprendre pourquoi certains individus de moins de 50 ans développent des formes sévères de la maladie (1 à 5% des cas de COVID-19). “Notre hypothèse, c’est que cette gravité serait en rapport avec des variations génétiques, c’est-à-dire avec un déterminisme présent dès la naissance", a expliqué le Jean-Laurent Casanova au journal La Croix.
Que nos gènes nous rendent plus ou moins vulnérables n’est pas une idée nouvelle. L’INSERM explique “Par le passé, ils ont déjà identifié une centaine de mutations dont la résultante est une modification de la réponse immunitaire à une infection virale (perte ou accentuation de certaines voies de réponse), comme la tuberculose, l’herpès ou la grippe”.
Les scientifiques français ont recruté pour leur recherche une centaine de ces malades du COVID-19 atypiques de moins de 50 ans, et effectué d’ores et déjà le séquençage d’une quarantaine de génomes. Ce travail devrait permettre d'identifier des particularités génétiques qui accentuent la sévérité de l’infection par le SARS-CoV-2 ou, à l’inverse, qui limitent l’apparition de symptômes, parfois jusqu’à leur absence complète (cas des personnes asymptomatiques malgré une exposition certaine à l’infection)”.
L’équipe française n’est pas la seule à rechercher des réponses dans l’ADN. Des recherches de l'hôpital universitaire de Gand (UZGent), menées par le Pr Joris Delanghe, ont porté sur l’ADN de malades de 33 pays d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient dont la France. Et, ils semblent avoir trouvé un lien entre le gène ACE1 et le développement du COVID-19.
Ils ont découvert que les personnes ayant le polymorphisme D (un même gène peut prendre plusieurs formes) ont moins de risque d’avoir des formes graves de la maladie. “En général, plus on va à l'est de l'Europe, plus le polymorphisme D du gène ACE1 est courant", remarque le professeur Joris Delanghe à l’agence Belga. "En même temps, vous voyez que la gravité de l'épidémie de Covid-19 diminue à mesure que vous passez de l'Europe occidentale à l'Europe centrale et orientale."
Toutefois, si un lien semble avoir bien été confirmé entre ce gène et la gravité ou non des cas de COVID-19, l’équipe belge reconnaît dans l’article paru sur MediQuality qu’il n’est pas l’unique responsable. Le Pr Delanghe explique “la génétique n'explique pas tout. Environ 38% de la variabilité de la prévalence serait explicable par cette fréquence de l'allèle D (au niveau du gène ACE1)”. D’autres facteurs sont donc aussi à prendre en compte (système de santé du pays, respect geste barrière, hygiène de vie...).
Des scientifiques américains ont remarqué un autre point de vulnérabilité dans des gènes de l’antigène de nos leucocytes (connu dans le monde scientifique sous les initiales HLA) qui permettent entre autres au système immunitaire de ne pas s’attaquer à notre propre organisme.
Les personnes ayant le variant HLA-B*46:01 seraient plus à risque face aux SARS COV 2 tandis que les porteurs du HLA-B*15:03 bénéficieraient d’une meilleure protection.
Ces différents travaux pourraient améliorer la prise en charge des personnes contaminées. Il serait possible de personnaliser le suivi et le traitement des malades du COVID-19 en fonction de leur profil ADN.
Par exemple, savoir si le patient a le polymorphisme ACE1 D/I permettrait de mieux prédire l’évolution de la maladie. Toutefois, ce point demande encore de nombreuses recherches.
Pour le Professeur Joris Delanghe de l'hôpital universitaire de Gand (UZ Gent), l’étude de ce gène pourrait aussi servir d’outil d’affinage de la procédure de déconfinement. En effet, elle permettrait de déterminer la susceptibilité des gens à être contaminé par le SARS COV 2. Toutefois, dans son article, il reconnaît que réaliser ces analyses à grande échelle pourrait être difficile même s’il s’agit d’un test de type PCR, maîtrisé par un grand nombre de laboratoires depuis le dépistage du SARS-CoV-2.
Source : https://www.e-sante.fr/coronavirus-une-predisposition-genetique-au-covid-19/actualite/615699