Bilan 2019 de la qualité de l'air dans la métropole lilloise et la région Hauts-de-France

Publié le par M.E.

UNE QUALITE DE L'AIR TOUJOURS MEDIOCRE, MAIS NEANMOINS EN PROGRESSION

Rappelons que si on se base sur le nombre de journées où la qualité de l'air n'est pas conforme à la directive OMS de 2005, les comptages basés sur les moyennes journalières de la station ATMO de Lille-Fives donnent pour les concentrations en particules fines PM2,5 les chiffres suivants  :

2014 : 198 jours/365, 2015 : 197 jours/365, 2016 : 216 jours/365, 2017 : 223 jours/365, 2018 : 224 jours/365, 167 jours/365.

A ce niveau, 2 remarques s'imposent :

  1. Nous sommes astreints à passer sous silence, les journées où les équipements de mesure de la station sont en maintenance ou en panne : 33 jours en 2019, soit 15% de taux d'indisponibilité. C'est en progrès net par rapport à l'année 2018 où les données étaient indisponibles pendant 55 jours (15%).
  2. Nous rappelons que les valeurs de concentration en PM2,5 données par ATMO pour la station de Lille-Fives correspondent à ce que LCSQA appelle la "pollution de fond" et sont donc loin des concentrations réelles des nombreuses rues "canyon" de la ville de Lille. Ces dernières peuvent dont être bien supérieures.

Comptage du nombre de journées où la  qualité de l'air est en moyenne non-conforme en 2018 à la directive OMS de 2005

1. Particules fines PM2,5 (OMS : [PM2,5] < 10 µg/m3)

 

Mois

Journées conformes

Journées non-conformes

Taux de non-conformité

Journées sans données

Nombre journées du mois

Janvier

11

16

59%

4

31

Février

6

22

79%

0

28

Mars

14

17

55%

0

31

Avril

5

19

79%

6

30

Mai

9

22

71%

0

31

Juin

13

10

43%

7

30

Juillet

17

11

39%

3

31

Aout

20

9

32%

2

31

Septembre

24

4

14%

2

30

Octobre

21

10

32%

0

31

Novembre

10

14

58%

6

30

Décembre

15

13

46%

3

31

Total

165

167

50%

33

365

 

2. Dioxyde d'azote (NO2) (OMS : [NO2] < 40 µg/m3)

 

Mois

Journées conformes

Journées non-conformes

Taux de non-conformité

Journées sans données

Nombre journées du mois

Janvier

21 10 32% 0

31

Février

19 9 32% 0

28

Mars

28 3 10% 0

31

Avril

29 1 3% 0

30

Mai

31 0 0 0

31

Juin

30 0 0 0

30

Juillet

31 0 0 0

31

Aout

31 0 0 0

31

Septembre

30 0 0 0

30

Octobre

31 0 0 0

31

Novembre

28 2 7% 0

30

Décembre

27 4 13% 0

31

Total

336 29 8% 0

365

 

Les principaux constats que l'on peut faire sont les suivants :

  1. La problématique principale de la qualité de l'air dans la métropole lilloise ne situe pas au niveau de la pollution par les oxydes d'azote (NO2 en particulier), mais bien au niveau des concentrations en particules fines (PM2,5) même si on constate des dépassements de la norme OMS de 3 à 10 jours chaque mois de janvier à avril et de novembre à décembre.
  2. Pour les particules fines, (PM2,5), nous avons affaire à une toute autre gravité. Les chiffres parlent d'eux-même. Nous constatons, comme chaque année, que la seule période de répit relative a été constituée cette année par le mois de septembre. Tous les autres mois, pendant 40 à 80% des journées les métropolitains lillois ne peuvent respirer un air de bonne qualité. Ceci reste révoltant !
  3. Nous ne tenons pas compte des soit-disant "normes de qualité ou seuils règlementaires" françaises qui sont dénoncées conjointement par la Cour des Comptes Européenne, les associations écologistes et l'ANSES.
  4. Néanmoins, nous constatons par rapport au début de l'année, une nette amélioration en fin d'année par rapport aux années précédentes pour la mème période.

Comment interpréter cette amélioration de la qualité de l'air pour la rentrée 2019 ?

Voici les hypothèses que l'on peut raisonnablement émettre pour expliquer la meilleure qualité de l'air depuis la rentrée 2019 par rapport aux années antérieures :

- Effet dissuasif sur les automobilistes de la limitation à 30km/h au sein de Lille.

- Conditions météorologiques différentes : force et direction du vent, précipitations.

- Glissement modal voiture--> vélo (Il reste néanmoins une énorme marge de progression si on compare Lille à d'autres villes belges, néerlandaises ou allemandes par exemple)

- Diminution légère de la part des véhicules à motorisation Diesel lié au renouvellement du parc.

- Politiques de restriction de la voiture dans des grandes villes voisines (B, NL, D) (Low Emission Zones et obligation d'achat de pastilles pour les automobilistes )

Il faut se souvenir qu'environ 25% de la masse de particules fines PM2,5 produite provient de la ville de Lille elle-même, 50% des flux transfrontaliers, 20% des environs de Lille (Source : PM2,5 Atlas of Air Quality European Environment Agency 2017).

Ci-après les moyennes journalières de concentration en PM2,5 et en NO2 relevées aux stations de Lille-Fives et Roubaix-Serres :

Comme on peut le constater les courbes de Lille-Fives et de Roubaix-Serres se superposent quasi- parfaitement pour les particules fines (PM2,5). On constate pour Roubaix-Serres une amplitude plus importante des pics de concentration en dioxyde d'azote (NO2).

Comment se situent d'autres grandes villes de l'ex-région Nord-Pas-de-Calais en comparaison avec les valeurs de qualité de l'air issues de la station ATMO de Lille-Fives :

Ces quatre graphiques comparant les valeurs d'une station comparée à celle de Lille-Fives montrent que les concentrations en PM2,5 relevées sont corrélées, ceci étant explicable par une météorologie souvent quasiment identique, une topographie plate, une perméabilité commune aux transports des polluants venant du Sud (région parisienne) comme du Nord (Belgique, Pays-Bas) ou plus rarement de l'Ouest ou de l'Est (Angleterre, Allemagne) et une densité de population très forte (450 hab/km2) pour le Nord contre moins de la moitié pour le Pas-de-Calais (218 hab/km2) et le cinquième pour la Somme (90 hab/km2).

Publié dans Air

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