Qualité de l'air dans les écoles : les parents d'élèves tirent la sonnette d'alarme

[SONDAGE] Une semaine après la rentrée des classes, la qualité de l'air dans les crèches, écoles, collèges et lycées préoccupe les Français. Selon un sondage Elabe-Veolia, que La Tribune publie en exclusivité, 91% des parents d'élèves estiment qu'un mauvais environnement scolaire a un impact direct sur la santé de leurs enfants, et même 80% sur leurs difficultés d'apprentissage.

(Crédits : Reuters)
Des écoles qui restent portes closes le jour de la rentrée des classes. C'est ce qui s'est passé la semaine dernière dans certains établissements privés dans le centre de Paris à la suite du nuage de plomb libéré par l'incendie de Notre-Dame. Cette inquiétude rassemble les Français parents d'élèves. Selon un sondage Elabe-Veolia, réalisé les 3 et 4 septembre dernier auprès de 1.010 Français et d'un sur-échantillon de 351 parents d'élèves, ces derniers perçoivent un lien direct entre la qualité de l'air ambiant et la santé de leurs enfants (respectivement, 91% et 86%) : maux de tête, irritations, allergies, crises d'asthme, bronchites chroniques...
Moins nombreux, près des deux-tiers considèrent que ce mauvais environnement est également responsable de troubles cognitifs. 71% des Français sont en effet "sûrs" qu'il est à l'origine des défauts d'apprentissage et de mémorisation. Ce pourcentage monte même à 91% chez tous les parents d'élèves confondus, et même à 92% pour celles et ceux dont les enfants sont en maternelle. En réalité, plus le fils ou la fille est jeune, plus il ou elle est vulnérable, estiment les sondés. 66% des parents de moins de 6 ans se disent en effet "inquiets", et même 17% "très inquiets".
Les Français veulent davantage de renseignements sur la qualité de l'air
Les deux échantillons confondus, 80% estiment qu'ils sont mal informés, dont 38% "très mal informés". Un tiers se considère ainsi en incapacité d'évaluer la situation, n'ayant "aucun moyen de [la] connaître". Dans le même temps, l'Organisation mondiale de la santé (OMC) le répète souvent : l'air intérieur est jusqu'à 8 fois plus pollué que l'air extérieur et constitue un des premiers facteurs de mortalité dans le monde.
Les deux tiers restants se montrent, selon l'étude, "hésitants et prudents" : 23% pensent que l'air intérieur est plutôt de mauvaise qualité alors 39% qu'il est plutôt de bonne qualité. Des éco-gestes existent déjà comme ouvrir les fenêtres ou bannir les produits chimiques du nettoyage. Quoiqu'il en soit, 83% affirment qu'il est "important" d'avoir davantage de renseignements.
Une note du Congrès mondial des bâtiments durables, citée par Certivea la semaine dernière, vient d'ailleurs confirmer ces inquiétudes : un établissement scolaire mal pensé en termes écologiques et énergétiques provoque chez les enfants et adolescents des difficultés à lire à l'oral, voire les pousse à l'absentéisme. A l'approche des élections municipales - les mairies gérant les écoles -, ces documents devraient d'ailleurs se multiplier.
Commentaire : De nombreuses études menées sur l'environnement intérieur des écoles confirment les craintes des parents d'élèves. Celles-ci ont souvent dénoncé des concentrations trop élevées de différents polluants dont le formaldéhyde, les phtalates, divers composés organiques volatils et des polluants venant très clairement de sources d'émission extérieures : particules fines, oxydes d'azote, hydrocarbures aromatiques polycycliques provenant de la combustion de carburants fossiles (gasoil, essence, bois, charbon, etc.) en rapport avec le trafic routier, le chauffage individuel ou collectif des habitats, la production d'énergie (centrales électriques) ou l'incinération des déchets, sans oublier les chantiers de BTP. Pour raison de moindre coût des terrains les écoles ont souvent été implantés comme d'ailleurs les équipements sportifs à côté d'axes routiers très chargés. On peut ajouter aussi l'émission de polluants vers les écoles provoquée par les voitures des parents d'élèves le matin et le soir pour emmener les enfants. A tout cela se rajoute un polluant, à la toxicité chronique longtemps ignorée, le dioxyde de carbone (autrefois appelé gaz carbonique) dont les effets en milieu scolaire ont été étudiés dans les pays nordiques et baltes, en Belgique, France et Italie, aux Etats-Unis. Des concentrations bien au-dessus du raisonnable ont été mis en évidence. avec des effets prouvés sur la capacité d'attention et de raisonnement, la somnolence, les migraines, etc. Pour plus d'informations lire notre dossier ici http://www.vigieecolo.fr/2019/08/dossier-qualite-de-l-air-interieur.html
M.E.