De plus en plus de couples stériles à cause de la pollution

Depuis une quarantaine d’années, la concentration spermatique baisse de façon inquiétante. Les perturbateurs endocriniens sont montrés du doigt, et ils n’épargnent pas les femmes.

En octobre 1989, Reporterre publiait un article intitulé « Stérilité : les pesticides en cause ». La journaliste révélait alors les résultats d’une étude allemande soulignant le lien entre pesticides et détérioration des cellules reproductrices des humains. À l’époque, 15 % des couples français désirant un enfant ne parvenaient pas à concevoir dans un délai correspondant à leur souhait. Trente ans après, où en est-on ? S’achemine-t-on vers une infertilité généralisée ?
Les études s’empilent comme autant de signaux d’alerte. La dernière en date émanait d’une équipe de Santé publique France. En juillet 2018, ces experts constataient « une baisse significative et continue de 32,2 % de la concentration spermatique, entre 1989 et 2005 ». Les scientifiques ont étudié les échantillons de sperme de 26.600 hommes ayant consulté un centre d’aide médicale à la procréation (AMP). Et leur constat fait froid dans le bas du ventre : en 16 ans, la concentration moyenne est ainsi passée de 73,6 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme à 49 millions.
D’autres travaux viennent confirmer cette tendance, dont une étude israélienne publiée en 2017, qui a analysé les taux de spermatozoïdes de 42.935 hommes, partout dans le monde. Résultat : chez les mâles nord-américains, européens, australiens et néo-zélandais, ces taux ont diminué de 50 à 60 % entre 1973 et 2011. Si on extrapole les chiffres, ces hommes auront perdu l’intégralité, ou presque, de leurs capacités de reproduction d’ici à la fin du siècle.
Comment expliquer cette hécatombe ? Outre le surpoids ou le tabagisme, les perturbateurs endocriniens sont de plus en plus montrés du doigt. Bisphénol, phtalate, parabènes, composés perfluorés, pesticides : ces substances chimiques, dont la structure est proche d’une hormone, « altèrent les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induisent des effets néfastes dans un organisme intact ou chez sa progéniture », selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
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