L’environnement doit être enseigné de la maternelle à l'université (Déclaration collective)

Il est impératif d'inscrire l'éducation à l'environnement dans notre système scolaire, de la maternelle à l'université, sans oublier les grandes écoles.
Plus personne ne doute de la nécessité d'inventer une économie nouvelle, dont le propre serait de ne pas détruire ce qu'elle exploite. Mais dans le même temps peu connaissent les voies à emprunter pour faire advenir pacifiquement cet avenir à la fois souhaitable et salutaire.
Omniprésente dans le quotidien des décideurs, la question environnementale est quasiment absente de leur formation. Le temps d'apprendre à la connaître, le plus souvent à l'occasion d'une catastrophe naturelle, d'une crise sanitaire ou d'une crue meurtrière, il est déjà bien trop tard.
Les crises récurrentes aujourd'hui ne cessent de prendre de court des élites qui apprennent quand il faudrait agir –condamnant les institutions qu'elles dirigent à endiguer aujourd'hui avec des solutions d'hier, et envisager demain avec les solutions d'aujourd'hui.
Pour rompre avec ce sortilège français, il est fondamental d'intégrer l'environnement à l'enseignement académique reçu dans les grandes écoles. Non pas comme une option, une coquetterie, ou un petit supplément d'âme. Mais comme l'âme elle-même de la formation.
Il est fondamental d'intégrer l'environnement à l'enseignement académique reçu dans les grandes écoles. Non pas comme une option, une coquetterie, ou un petit supplément d'âme. Mais comme l'âme elle-même de la formation.
Dans cet esprit, il est impératif d'inscrire l'éducation à l'environnement dans notre système scolaire, de la maternelle à l'université, sans oublier les grandes écoles qui forment des femmes et des hommes qui ont une appétence pour l'entrepreneuriat, l'innovation, la direction d'équipes et l'engagement sociétal.
En France, la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) compte 222 établissements représentant la diversité de l'enseignement supérieur et de la recherche, parmi lesquelles Polytechnique, l'École des Mines, l'ENA, l'ESSEC, HEC et Sciences-Po. Sur les 2 millions d'étudiants en France, 400.000 étudiants (chiffre 2015) sont à l'ouvrage dans ces écoles de management, d'ingénieurs, d'architecture, d'art, de design, de sciences politiques, de santé, soit 17% des effectifs de l'enseignement supérieur. Ces écoles délivrent 40% des diplômes de master, chaque année en France. Selon un sondage CGE-TNS SOFRES, 8 Français sur 10 ont une bonne opinion des grandes écoles ainsi que 9 recruteurs sur 10.
C'est ce vivier qui doit apprendre l'écologie comme une langue vivante indispensable à la compréhension de l'environnement pris dans son acception la plus large. Cette langue vivante leur permettra de parler couramment de biodiversité, d'économie circulaire, d'architecture, de qualité de l'air et de l'eau, de choix en matière énergétique, et d'impact de notre mode de production, de transport et de consommation.
Ce vivier doit apprendre l'écologie comme une langue vivante pour comprendre l'environnement. Cette langue vivante leur permettra de parler couramment de biodiversité, d'économie circulaire, d'architecture, de qualité de l'air et de l'eau, de choix en matière énergétique.
Il est donc urgent d'intégrer sans attendre dans les programmes de ces établissements un cursus pluridisciplinaire autour de l'économie du moindre impact sur l'environnement et le climat –de donner à la nature des exploitants et non des exploiteurs. De cette évolution nous pouvons attendre une protection efficace et quotidienne de l'environnement, mais également une nouvelle révolution industrielle.
C'est la raison pour laquelle les Grandes écoles doivent se mettre, avec l'écologie, à l'école de la vie – prenant pour devise la magnifique intuition d'Anders selon laquelle l'avenir ne doit désormais plus se tenir "devant nous", nous devons le capturer, il doit être "chez nous", devenir notre présent.
Les signataires :
Anne Hidalgo, Maire de Paris, présidente de C40
Yann Arthus Bertrand, président de la fondation GoodPlanet
Isabelle Autissier, navigatrice, écrivain, présidente de WWF France
Aurélien Barrau, astrophysicien
Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
Dominique Bourg, philosophe, professeur à l'université de Lausanne
Matali Crasset, designer
Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, professeur au CNAM
Jean Jouzel, climatologue
Claire Nouvian, Fondatrice de BLOOM
Gunter Pauli, chef d'entreprise, essayiste
Bertrand Piccard, président de Solar Impulse
Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH)
Laurence Tubiana, présidente de la Fondation Européenne pour le Climat