En projet : A Lille, un péage urbain "inversé" pour limiter les bouchons

La Métropole de Lille devrait instaurer, d'ici la fin de l'année, un "péage inversé" censé inciter les usagers des axes les plus encombrés à troquer le volant contre des modes de transports plus respectueux de l'environnement. A la clé, une récompense de quelques euros par trajet en voiture évité.
Paris n'est pas seule, en France, à entrevoir des mesures drastiques pour limiter le flot de voitures qui l'envahit chaque jour et la pollution qui va avec. A l'image de la capitale et de quelques autres agglomérations françaises, Lille a décidé l'été dernier d'instaurer une circulation « différenciée», viala vignette Crit'Air, qui désigne les véhicules suffisamment « propres » pour pouvoir circuler en ville les jours de pics de pollution.
L'autre piste envisagée, c'est celle du "péage inversé" -appelé aussi "péage positif"-. Celui-ci entend répondre à une double problématique. D'abord, s'attaquer à la congestion du trafic dans la métropole lilloise et ses alentours. Selon le dernier TomTom trafic index, classement annuel des villes mondiales les plus embouteillées établi par le fabricant de GPS sur l'année 2016, Lille se place en quatrième position des grandes agglomérations les plus "bouchonnées" de France. Avec un taux de congestion de 22%, elle se situe encore loin derrière Marseille (40%), Paris (38%) et Lyon (29%). Second objectif : assurer la protection de l'environnement en limitant la pollution inhérente au trafic
routier. Mathieu Chassignet, chef de projet éco-mobilité à la Métropole européenne de Lille, en dit plus sur le fonctionnement et la mise en place d'un dispositif déjà testé notamment à Rotterdam (Pays-Bas).
Nouvelles Mobilités : En quoi consiste le système de « péage inversé » ?
Mathieu Chassignet : Il s'agit d'une innovation importée des Pays-Bas qui consiste, à l'inverse d'un péage classique où l'on va faire payer les usagers, à récompenser ceux qui auront adopté le comportement vertueux attendu par la collectivité.On cible les autoroutes congestionnées aux heures de pointe, on repère leurs utilisateurs réguliers et on leur propose de les rémunérer à chaque fois qu'ils modifient leurs comportements : soit en changeant de moyen de transport, soit en faisant du télétravail soit en décalant leurs horaires pour circuler en dehors des heures de pointe.
Nouvelles Mobilités : Quel est l'objectif principal d'un tel dispositif ?
M.C. : De décongestionner le trafic routier, de passer d'un régime saturé à un régime sans saturation.Pour cela, les calculs montrent qu'il faut retirer environ 5% des voitures aux heures de pointe.C'est ça, l'objectif. Et cela correspond, à peu près, à 2 500 trajets évités par jour si l'on équipe deux axes. Pour cela, il nous faut un seuil minimum de 5 000 participants. Il y a une congestion assez forte sur le territoire de la métropole actuellement, qui augmente. On a donc vraiment besoin de solutions de ce type pour diminuer la pénibilité des bouchons et, surtout, le temps que l'on y perd.
Nouvelles Mobilités : Comment cela va fonctionner ? M.C. : La première étape, c'est de recruter les gens. Pour cela, on installe des caméras de lecture de plaques d'immatriculation sur les axes concernés. Au bout d'un certain temps, on saura qui sont les personnes qui les utilisent régulièrement, ce va qui nous permettre de les contacter et de leur proposer de participer au programme.S'ils acceptent, on équipera leur véhicule d'un boitier GPS qui permettra d'avoir une traçabilité et de savoir exactement, à la fin du mois, à quel niveau de bonus la personne a droit, en fonction du nombre de trajets en voiture qui ont été évités.
Nouvelles Mobilités : Quel sera le montant de la "récompense" ?
M.C. : C'est quelque chose qui reste à fixer de manière définitive. Aux Pays-Bas, c'est trois euros par trajet évité. Ici, on devrait être autour de deux euros, a priori, mais nous allons va tester différents niveaux. Nous ajusterons ce montant à la baisse ou à la hausse en fonction de la difficulté que nous aurons à recruter.
Nouvelles Mobilités : Où en êtes-vous de la mise en place du projet ?
M.C. : Nous avons procédé à un test à l'été 2016, avec une quarantaine de participants. Lequel a démontré qu'il y avait une vraie appétence pour ce type de dispositifs, dans la mesure où les participants ont vraiment changé leurs comportements.Aujourd'hui, on est encore en phase de cadrage du projet. Une fois qu'on aura on se lance et on recrute 5 000 participants pour lancer une première phase de mise en oeuvre à grand échelle.