La France alourdit régulièrement sa dette écologique

Publié le par J.D.L.E. via M.E.

Dès le 5 mai, la France aura consommé plus de ressources naturelles que son territoire ne peut lui en apporter. En 2008, ce jour du dépassement était le 25 avril.

La date tombe mal pour une opération de communication. Dès samedi 5 mai, début d’un long pont, les Français vivront à crédit écologique, nous dit le WWF. Plus exactement, à partir de demain, nous consommerons plus de sols, de prairies, de bois, de poissons et de carbone que l’environnement n’est capable de produire ou de stocker (pour le CO2). Pas sûr que nos concitoyens s’en préoccupent beaucoup à la veille de la célébration de la fin de la Seconde guerre mondiale.

Si les grands pays gaspilleurs que sont les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie commémorent leur ‘jour du dépassement’ dès le mois de mars, la France n’est pas pour autant une bonne élève.

4,5 Terres nécessaires aux Américains !

Car la plupart de ses grands partenaires dépassent la ‘biocapacité’ de leur territoire plus tard dans l’année: le 7 mai pour le Royaume-Uni, le 23 mai pour l’Italie, le 15 juin pour le Portugal. «En 2018, si toute l’Humanité consommait comme les Français, elle aurait exploité l’équivalent des capacités de régénération de 2,9 Terres», résume l’ONG au panda. Ce n’est pas bien. Mais nous sommes encore loin derrière l’empreinte américaine: 4,5 Terres.

De quelle façon martyrisons-nous notre environnement? «Deux tiers de l’empreinte écologique d’un Français provient de son alimentation, des dépenses d’énergie de son logement et de ses déplacements», répond Pascal Canfin, directeur général de la branche française de l'organisation.

Allégeons-nous notre empreinte écologique? Tout dépend de la période observée. En s’appuyant sur les données du Global Footprint Network, le WWF s’inquiète de voir notre bilan écologique se dégrader d’année en année depuis 2015. Pour autant, chaque Français ‘consomme’ chaque année à peu près ses 5 ‘hectares globaux’ depuis 1981.

Appétit constant !

Globalement, notre appétit pour les sols ou les ressources animales et végétales est à peu près constant depuis trois décennies. Ce qui varie, c’est l’empreinte carbone. Celle-ci fluctue selon les cours du pétrole, la demande d’énergies fossiles (deux facteurs intrinsèquement liés), la météorologie, les produits importés.

Et c’est bien là le problème. Les facteurs qui dressent les contours de notre empreinte écologique sont d’ordre économique et climatique. Malgré les Grenelle, les lois sur la transition énergétique ou sur la protection de la biodiversité, aucune réforme structurelle ne nous a permis de stopper la consommation d’espaces naturels (avec les effets sur la biodiversité que cela implique), réduire régulièrement nos émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre, diminuer les besoins en mobilité, assainir les pratiques agricoles, baisser notre consommation d’énergie, etc.

Moins de viande et plus de bio !

Pour renverser vraiment la vapeur, le WWF propose de soutenir les «modes de consommation responsables». Et par exemple, de favoriser la baisse de la demande de viande, dont la production est émettrice de GES et consommatrice d’espaces.

Profitant du vote en cours de la loi Alimentation et de la réforme annoncée de la politique agricole commune (PAC), l’ONG milite aussi pour le développement de l’agriculture bio, le maintien des prairies et la généralisation de pratiques agricoles favorisant le stockage du carbone dans le sol: cultures sans labour et agroforesterie.

Autre proposition: la mise en place d’un cadre décourageant les importations de bois et de soja tropicaux. Une bonne solution pour lutter contre l’érosion de la biodiversité, favoriser le développement d’une agriculture résiliente dans des pays où frappe déjà lourdement le changement climatique.

Téléchargez ici le rapport du WWF réalisé en collaboration avec le Global Footprint Network 

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