Pourquoi nous ne voulons pas de ce projet d'aménagement de la ZAC Saint Sauveur (réactualisé)

Publié le par M.E.

N.B. Ce texte a été initialement mis en ligne le 30 mars 2018.

Depuis quelques années, sous l'impulsion de son maire avec l'appui de la MEL, chaque petite surface de verdure ou de friche de Lille fait l'objet tôt ou tard d'un projet immobilier et la surface d'espaces verts pour les habitants de Lille diminue en conséquence. Une étude récente a montré que les 50 plus grandes villes françaises offrent en moyenne 50 m2/ habitant d'espaces verts. D'après les évaluations citées par Mediacités [4], la surface serait seulement de 13,5 m2 d'espaces verts par habitant pour Lille et de 12,2 m2 pour Lille-Hellemmes-Lomme.

C'est donc un chiffre très faible, 4 fois inférieur à celui des villes que nous citons.

Or que constate-t-on ?

Récemment, on vient de décider de réimplanter le palais de justice sur une partie d'un espace vert existant. Un peu avant, on construit un gigantesque parking en surface à la Citadelle au lieu de profiter de cet espace pour regagner quelques hectares de nature. Certes c'est plus cher, mais pourquoi ne pas avoir réinstaller ce parking en souterrain ? Récemment, la disparition de l'ancienne Auberge de la Jeunesse, libérait aussi un espace potentiellement transformable en parc ; hélas il n'en fut rien et la ville décida d'y construire des immeubles. Il y a quelques années encore, on a voulu supprimer l'espace libre à côté de la Cathédrale de la Treille. Aujourd'hui après s'être longtemps battu, les habitants sont heureux d'avoir cet espace de verdure, de calme et de nature.

Dans le projet présenté par la MEL, que nous demande-t-on d'approuver ?

  • La construction de logements et d'espaces de bureaux (selon les documents 165 000 à 200 000 m2 et 35 000 à 55 000 m2 d'espaces de bureaux),
  •  ce qui va autour activités et commerces et équipements,
  • une piscine olympique (3 bassins, 1 fosse de plongée, sauna, hammam, fitness, ….),
  • un jardin public ("le Jardin de la Vallée") de 1,5 ha (plan ci-dessous).

Nous démontrons dans l'avis qui sera remis au Commissaire-Enquêteur l'inutilité de ces constructions supplémentaires de logements et de bureaux. En effet, Il serait plus courageux, plus judicieux, plus sensé d'optimiser le potentiel existant en luttant contre des dysfonctionnements : logements vacants [2], flux persistant de division des logements en studios [3], colocation, énorme stock de surfaces de bureaux vides [4], [12].

La construction d'une piscine olympique dans un secteur géographique où règne une pollution de l'air ambiant forte [6], [7] est une aberration ; nous rappelons ici les impacts sanitaires graves de la pollution atmosphérique en termes de maladies chroniques à tous les âges : asthmes, bronchites et bronchopneumopathie chroniques obstructives (BPCO et cancers. Il faut se rappeler que lors d'une activité sportive, le volume d'air inspiré/expiré peut être multiplié par un facteur de 13 à 26 selon l'intensité de l'effort sportif [8] :

2 heures de natation intense serait donc équivalente à une journée à 2 journées d'exposition à de l'air pollué.

En conclusion, la ville de Lille, ses habitants et les métropolitains n'ont pas besoin de 22 hectares d'artificialisation des sols et de tonnes de béton supplémentaires. Il est urgent alors que l'on se mobilise partout sur le climat, la santé et la protection de la biodiversité de ne pas contribuer à aggraver le cas lillois.

Veut-on rendre irréversible l'artificialisation totale de la ville de Lille ? Nos élus, techniciens et experts territoriaux vivent-ils vraiment au XXIème siècle ? Nous cache-t-on un problème financier de la ville[13], [14] qui cherche par tous les moyens à avoir plus de rentrées fiscales ?

Tous les milieux bien informés [9], [10], [11] savent que la ville comporte des anomalies persistantes de niveau de fiscalité dans certains quartiers, ce qui provoque un manque de recettes très important. Ce n'est pas à nouveau bien sûr de remettre en état les finances lilloises.

L'importance stratégique des espaces verts : biodiversité, climat, santé, bien-être

Par contre, l'alternative dans le cadre d'une transition écologique et solidaire de la ville, consiste bien en une augmentation très substantielle de vrais espaces verts dotés d'une réelle biodiversité.

Dans un rapport [5] du Cabinet Alterès, les auteurs identifient, de manière remarquable, tous les enjeux des espaces verts et du développement de la biodiversité en milieu urbain ; nous citons ci-après quelques extraits :

Qu’il s’agisse de parcs, de jardins, d’aires de loisirs et de sport, de sentiers, de rives ou de simples accotements végétalisés, les espaces de verdure s’accompagnent d’une multitude de bienfaits pour les populations citadines, pour le développement durable et pour l’économie locale. La littérature scientifique et économique apporte aujourd’hui de nombreuses preuves des bénéfices associés :

- Les espaces verts favorisent la santé des habitants en apaisant le stress et en encourageant les activités physiques. Lieux de rencontres, les parcs, jardins et aires de loisirs renforcent le sentiment d’appartenance aux quartiers, et plus largement à la communauté.

- Véritables usines biologiques, les espaces de verdure contribuent naturellement à l’évacuation des eaux pluviales, ainsi qu’à la dépollution des eaux, de l’air et des sols. Ils favorisent la biodiversité au cœur même des grandes agglomérations.

- Sur le plan économique, la gestion des espaces verts implique de nombreux emplois locaux. A ceux-ci s’ajoutent des emplois indirects liés à une meilleure attractivité démographique, touristique et économique des villes et des quartiers.

 

Les espaces verts urbains sont des biens collectifs gratuits. Hors de tout marché, les services qu’ils assurent (loisirs, rencontres, traitements biologiques, attractivité…) n’ont en effet aucun prix. Leur valeur économique est en conséquence largement sous-estimée. Leurs coûts d’investissement et d’entretien sont en revanche bien connus des élus locaux. De cette asymétrie résulte un sous-investissement en infrastructures vertes en dépit d’une demande sociale forte.

 

Pour un vrai changement de paradigme

Notre contre-proposition consiste à réinstaller le végétal dans la ville partout où cela sera possible. La volonté politique doit exister dans ce sens. Les habitants et autres usagers de la ville en ont fortement besoin.  Il faut donc connecter les "taches vertes" de la ville ensemble grâce aux grandes artères traversantes re-vegétalisées et compléter le réseau d'espaces verts en périphérie de la ville pour disposer à court/moyen terme d'une vraie ceinture verte continue.

M.E. avec l'appui de A.L. et M.C.

Téléchargez ici l'avis complet de Nord Ecologie Conseil qui a été remis au Commissaire-Enquêteur

Si vous ne l'avez pas encore fait vous pouvez signer la pétition que nous avons relayée sur notre site : Stop ! On étouffe, sauvons Saint Sauveur, Lille a besoin de respirer !

Références :

[1] Observatoire UNEP-HORTIS des villes vertes :   www.observatoirevillesvertes.fr

 

[2] La ville compte plus de 8000 logements vacants, La Voix du Nord, 23 novembre 2017. www.lavoixdunord.fr/268310/article/2017-11-23/la-ville-compte-plus-de-8000-logements-vacants

 

[3] Vieux bureaux lillois cherchent occupants, désespérément, Mediacités, 23 mars 2018.

 

[4] La division des logements dans la métropole lilloise, Agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole, novembre 2012.

[5] Les espaces verts urbains-Lieux de santé publique, vecteurs d’activité économique, Asterès, 24 mai 2016. www.observatoirevillesvertes.fr/wp-content/uploads/2017/04/Aster%C3%A8s-Les-espaces-verts-urbains-24-mai-2016.pdf

[6] Mesure des stations de surveillance de la qualité de l’air, ATMO Hauts-de-France.

 www.atmo-hdf.fr/acceder-aux-donnees/mesures-des-stations.html

 

[7] Agglomération de Lille – Indices de qualité de l’air – Prévisions- Cartographie "Urbanair" http://www.atmo-hdf.fr/urbanair_lille/index.php

 

[8] Les poumons pendant le sport, EurekaSanté, 22 juin 2011.

https://eurekasante.vidal.fr/sport/corps-sport/poumons-pendant-sport.html

 

[9] Audit des municipales : Lille a doublé sa dette en un mandat, Les Echos, 8 décembre 2013.www.lesechos.fr/08/12/2013/lesechos.fr/0203173918318_audit-des-municipales---lille-a-double-sa-dette-en-un-mandat.htm

[10] A Lille, Martine Aubry a hérité d'une situation financière délicate, Challenges, 6 octobre 2011. www.challenges.fr/magazine/a-lille-martine-aubry-a-herite-d-une-situation-financiere-delicate_335998

[11] Spécial Lille : La dette, sujet chaud, Le Point, 13 décembre 2012. http://www.lepoint.fr/villes/la-dette-sujet-chaud-13-12-2012-1614406_27.php

[12] Comment la transformation de bureaux en logements pourrait s'imposer, Challenges, 9 avril 2018. https://www.challenges.fr/entreprise/vie-de-bureau/comment-la-transformation-de-bureaux-en-logements-pourrait-s-imposer_579115

[13] Mairie de Lille  : Les frais de personnel ont flambé sous Aubry, Mediacités, 1er février 2019.

[14] Frais de personnel à Lille : accusé d’erreurs, Mediacités persiste et signe, Mediacités,  8 février 2019.

 

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