Vaccins et aluminium, l'enquête de REPORTERRE en trois volets
L’extension de l’obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins depuis le 1er janvier 2018 a provoqué une levée de boucliers qui tient, en partie, à la question des adjuvants aluminiques. Dans une enquête en trois volets, Reporterre raconte comment l’alarme sonnée par professeur Romain Gherardi et son équipe a été minimisée par les autorités de santé, qui ont même réduit les moyens de la recherche.
Cette histoire commence un matin de décembre 1993. Depuis 1965, le Club des neuropathologistes français se réunit deux fois chaque année pour examiner ce que les uns et les autres ont pu trouver dans le cadre de leurs recherches. Ce club réunit la crème des spécialistes. On vient de Marseille ou de Lyon, de Bordeaux ou de Toulouse discuter de cas notables. Et cette fois, la réunion a lieu à Paris, à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière.
Quoi de nouveau dans le vaste domaine des affections neurologiques et musculaires ? À la vérité, pas grand-chose. On écoute les intervenants, car on est courtois, et les minutes passent, sans provoquer le moindre émoi. Mais voilà qu’arrive sur l’estrade Michelle Coquet, du CHU (Centre hospitalier universitaire) de Bordeaux. Elle est fort réputée pour la qualité inégalée de ses clichés de microscopie électronique.
De quoi parle-t-elle ce matin-là ? S’excusant presque de ce qu’elle ne comprend pas encore, elle passe à ses collègues les images d’une biopsie musculaire. L’une de ses patientes se plaint de pesantes douleurs dans les muscles, devenues handicapantes. Elle souffre en outre d’une immense fatigue. Sur l’écran apparaissent de grosses cellules immunitaires, dites macrophages. Elles sont connues, bien sûr, mais pas dans cet ordre, pas dans ce dispositif, pas à cette place. La discussion commence entre scientifiques, et elle n’est pas terminée un quart de siècle plus tard.
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Comme Reporterre a commencé à le raconter, le professeur Gherardi et son équipe ont découvert dans les années 1990 le lien entre une maladie grave et l’utilisation de l’aluminium comme adjuvant des vaccins. Suite de notre enquête : qui raconte comment les autorités de santé ont décidé de… stopper toute recherche sur la question.
Un autre rendez-vous important attend Gherardi après sa visite à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en septembre 1999. On ne l’a pas oublié, et mieux, on le prend au sérieux. Les CDC [Centers for Disease Control, les centres fédéraux pour le contrôle des maladies aux États-Unis] déjà cités invitent notre professeur à Porto-Rico en mai 2000. Le service états-unien en charge de la vaccination — le NVPO — organise le 10 de ce mois une conférence internationale au titre limpide : Aluminium In Vaccines. Les CDC, qui y sont associés, ont estimé à juste titre que Gherardi a toute sa place dans pareil événement scientifique.
Il est l’un des rares étrangers présents, un peu perdu au milieu de centaines de spécialistes américains des vaccins. Pourquoi ce choix exotique de Porto-Rico ? Gherardi pensera des années plus tard avoir trouvé une réponse qui s’appelle le Big Pharma, ou grande industrie du médicament. Porto-Rico, État associé aux États-Unis, bénéficie d’une fiscalité si intéressante que de très nombreux groupes industriels y ont installé des centres de production. Et parmi eux, Novartis, Pfizer, Merck, géants de la pharmacie, dont les enseignes et affiches pullulent dans la ville. Mais quel rapport avec un colloque scientifique ?
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Le sérieux du travail du professeur Gherardi et de son équipe sur la maladie provoquée par les adjuvants aluminiques des vaccins est reconnu. Mais la recherche approfondie est empêchée, tandis qu’une ministre proche des firmes pharmaceutiques impose l’obligation de onze vaccins. 3e volet de notre enquête.
En décembre 2012, les malades de l’association E3M commencent une grève de la faim. Ils réclament des choses évidentes. Un, la reconnaissance de leur maladie. Deux, de l’argent pour des recherches. Trois, la remise sur le marché d’un vaccin DT-polio — obligatoire — sans aluminium. Car en effet, et c’est toujours le cas, on ne trouve pas en France, en cette fin 2012, de vaccin obligatoire sans sels d’aluminium. Alors même qu’il existe au moins un adjuvant parfaitement inoffensif, le phosphate de calcium, qui n’est pas utilisé.
Donc, une grève de la faim de gens affaiblis, malheureux et méprisés. Gherardi continue de son côté à tendre sa sébile dans l’espoir d’éclairer la « migration systémique et cérébrale » de l’aluminium vaccinal. La grève de la faim semble, dans un premier temps, débloquer la situation. Le ministère accepte le principe de nouvelles études, pilotées par l’Agence du médicament (ANSM, selon son acronyme), qui a pris la suite de l’Afssaps. On offre la somme de 150.000 euros, qui ne seront obtenus qu’en avril 2014, mais on exclut du travail l’équipe de Gherardi, seule à travailler sur la question depuis plus de quinze années. Le professeur est finalement réintégré grâce à de puissants coups de gueule de quelques élus, dont Laurence Cohen, présidente de la Commission des affaires sociales du Sénat.
Pendant trois ans, Gherardi travaille avec l’aumône qui lui a été octroyée. Aumône ? Comment réaliser un travail scientifique d’importance avec 150.000 euros ? Le chiffre d’affaires mondial des vaccins était de 27,5 milliards d’euros en 2014 et pourrait atteindre 68 milliards en 2025. Gherardi travaille néanmoins sur les prédispositions génétiques qui permettraient d’expliquer pourquoi si peu de vaccinés, qui sont des millions, développent une myofasciite. Et voilà qu’en mars 2017, l’Agence du médicament (ANSM) réapparaît. Un débat a lieu dans le cadre de son conseil scientifique, et l’on s’écharpe à propos des résultats de Gherardi. Les experts réunis sont divisés, mais reconnaissent le sérieux du travail, et demandent dans un avis consultatif la poursuite des travaux et donc des financements.