Santé : en France, l'insuffisance cardiaque touche des hommes de plus en plus jeunes
Selon l'équipe de recherche française de cette étude, le tabagisme, l'obésité et la sédentarité favoriseraient cette hausse de l'insuffisance cardiaque chez les Français de 18 à 50 ans. Un constat alarmant et nouveau dans l'Hexagone.
D'après cette étude, l'insuffisance cardiaque a augmenté de 20 % dans cette chez les 36-50 ans, par rapport à l'année 2010.
En France, l'insuffisance cardiaque gagne du terrain chez les jeunes hommes et c'est sans précédent. C'est l'enseignement essentiel d'une étude de l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), de l'INSERM et d'Université Paris Cité. Ses conclusions ont été publiées le 1er décembre dans la revue scientifique European Heart Journal .
Composée de cinq chercheurs, l'équipe de l'étude a constaté ce résultat à l'occasion d'un recensement des cas d'insuffisance cardiaque sur la population française, entre 2013 et 2018. Un travail exhaustif qui a ainsi comptabilisé 1.486.877 patients hospitalisés pour cette pathologie durant cette période.
Le professeur et cardiologue Jean-Sébastien Hulot, coordinateur de cette recherche, se fait plus précis sur les résultats obtenus : « En général le profil typique d'un insuffisant cardiaque est âgé de 70 ans ou plus. Mais ce qui nous a surpris ici est que la plus forte augmentation de ce type de pathologie a été observée chez les jeunes hommes âgés de 36 à 50 ans. »
En moyenne relative, cela correspond donc à une augmentation de 20 % dans cette catégorie, par rapport à l'année 2010. Lorsqu'on élargit la fourchette d'âge aux hommes de 18-50ans, la hausse relative est de 10 %. « C'est significatif », insiste le professeur. Un chiffre qui contraste avec la baisse globale de l'insuffisance cardiaque chez les Français entre 2013 et 2018. D'après l'étude, elle est ainsi passée de 0,39 % à 0,36 % de la population.
Si l'objet de cette recherche n'était pas d'établir les causes des pathologies cardiovasculaires chez les Français, les données récoltées sur les profils des patients donnent tout de même une idée sur le sujet.
« Sur cette période, nous avons en effet observé un taux élevé de facteurs de risque cardiovasculaires chez les 36-50 ans, et une augmentation constante du nombre de patients obèses, fumeurs et sédentaires », analyse le professeur. Selon ses données, 50 % d'entre eux consomment du tabac, 25 % font du diabète, et 30 % ont un taux de cholestérol élevé.
D'après l' AP-HP , ces jeunes patients seraient même très fréquemment ré-hospitalisés pour insuffisance cardiaque d'origine ischémique (qui résulte d'une insuffisance d'oxygénation du coeur à cause du rétrécissement des artères) dans les deux ans qui suivent leur première hospitalisation.
« Pour moi, ces résultats dénotent un relâchement de la prévention de ces facteurs de risques cardiovasculaires chez les jeunes hommes en France. Notamment sur le tabagisme et les régimes alimentaires trop gras ou sucrés. C'est là qu'il va falloir travailler », tranche Jean-Sébastien Hulot.
Autre conclusion tirée par le professeur cardiologue : « Par rapport aux Etats-Unis, la France se sentait épargnée par ce genre de problématique sanitaire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, il faut l'accepter et agir en conséquence. »