L’Union européenne veut des batteries vertes pour électrifier l’économie
Le Parlement européen et le Conseil européen se sont mis d’accord sur une nouvelle loi pour les batteries. Celle-ci prévoit de prendre en compte leur cycle de vie complet afin de minimiser leur impact environnemental et social. L’Union européenne prévoit que les fabricants informent mieux sur l’origine et l’empreinte carbone des batteries, et développent les filières de recyclage des matières premières. Cette nouvelle loi intervient alors que l’Europe veut électrifier son économie pour sortir des énergies fossiles et prévoit la construction de plusieurs dizaines d'usines de batteries pour l’automobile.
Les constructeurs automobiles développent leurs propres usines de batteries pour les installer sur leurs nouvelles gammes électriques.
Les eurodéputés et les États membres se sont mis d’accord sur un texte législatif pour réglementer le cycle de vie des batteries. Avec ce texte, qui remplacera la directive batteries de 2006, les autorités européennes veulent verdir les batteries en faisant en sorte qu’elles soient plus facilement remplaçables et recyclables. Le texte approuvé par le Parlement et le Conseil européen s’appliquera à tous les types de batteries, aussi bien pour les voitures, les smartphones, l’électroménager, etc. Cette future loi européenne se révèle particulièrement importante dans un contexte où la lutte contre le changement climatique pousse à électrifier l’économie pour sortir des énergies fossiles.
Le texte prévoit d’obliger les fabricants à donner l’empreinte carbone totale attendue de chaque batterie à partir de 2024. Des critères de durabilité et de performance seront par ailleurs imposés en 2026. Les consommateurs seront informés des performances et de la durabilité de leurs batteries au travers d’étiquettes et de QR codes. L’Union européenne prévoit également de créer un passeport numérique pour expliquer l’origine et la composition de la batterie.
Les vendeurs de batteries en Europe auront par ailleurs l’obligation de vérifier la source des matières premières utilisées (lithium, nickel, cobalt), pour s’assurer du respect de normes environnementales et sociales élevées.
Pour l’automobile, l’Union européenne prévoit de mettre en place un niveau d’empreinte carbone maximal à ne pas dépasser à partir de 2027. Un élément particulièrement important étant donné que les émissions de CO2 liées à la voiture électrique proviennent principalement de la batterie et de l’extraction des minerais nécessaires à sa fabrication.
Pour réduire cette empreinte, le texte européen entend miser notamment sur l’économie circulaire. Des objectifs de collecte sont ainsi fixés pour les batteries portables (téléphones, ordinateurs, etc.). Les fabricants devront en collecter 63% d’ici 2027 et 73% d’ici la fin 2030. Pour les véhicules, ces objectifs sont de 51% à fin 2028 et 68% en 2031. Ces batteries devront ensuite être recyclées pour pouvoir réutiliser la majorité des minerais qu’elles comportent (cobalt, nickel, lithium).
L’accord entre les autorités européennes prévoit également des seuils minimaux d’utilisation de matière recyclée dans la fabrication des produits neufs. Les batteries des véhicules électriques devront comporter au moins 16% de cobalt recyclé et 6% de lithium et nickel recyclés à partir de 2031. Des constructeurs automobiles commencent déjà à travailler sur le recyclage de cet élément crucial de la voiture électrique. Dans son plan Renaulution présenté en 2021, Renault avait inclue la réduction de l’empreinte carbone de ses batteries, avec un volet recyclage incarné par un partenariat avec Veolia et Solvay pour récupérer les métaux précieux.
"Ces exigences environnementales s'appliqueront aux batteries produites en Europe comme aux batteries importées, et restreindra progressivement l'accès au marché européen aux batteries les plus durables", explique Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen.
L’Union européenne entend en parallèle renforcer la production de batteries sur son territoire, afin de moins dépendre des importations asiatiques et gagner en autonomie pour électrifier son économie.
L’ONG Transport et Environnement a recensé 38 projets de "Giga-factory" en Europe, ces usines de production de batteries pour les véhicules électriques. Certains sont à des stades plus avancés que d’autres, 17 d’entre eux ayant déjà bouclé leur financement. Les constructeurs automobiles se positionnent clairement sur le créneau en développant leurs propres usines, parfois en partenariat avec des spécialistes. Volkswagen a ainsi annoncé en mars 2021 vouloir construire 6 usines en Europe. Au total, la capacité de production de batteries électriques devrait atteindre 1 144 gigawattheures (GWh) en 2030, contre 87 GWh en 2021.