Les Hauts-de-France, la terre promise des start-up françaises de batteries
Battri, une jeune pousse spécialisée dans l'affinage et la fabrication de la « black mass » issue des batteries, prévoit d'ouvrir une usine dans la banlieue d'Arras. Elle ne sera pas loin des usines de Verkor, ACC, AESC-Envision et Proligium.
« Au Nord, c'étaient les corons », chantait Pierre Bachelet. Un refrain que les supporters du Racing Club de Lens entonnent encore. Mais l'avenir, ce sera les batteries. Ce n'est donc pas un hasard si la start-up française Battri prévoit d'installer la première usine de recyclage de lithium-ion à grande échelle dans les Hauts-de-France.
Un site a déjà été déniché à Saint-Laurent Blangy, dans la banlieue d'Arras. La jeune pousse est en train de constituer un dossier afin d'obtenir la certification « Seveso seuil haut », indispensable pour son entrée en service à la fin de l'année 2024, si tout se déroule comme prévu.
« Nous prévoyons, au démarrage, une capacité de traitement de 15.000 tonnes. Le site a ensuite vocation à monter à 30.000 tonnes très rapidement », explique Maxime Trèves, le dirigeant de Battri, qui a réalisé récemment une levée de fonds de 10 millions d'euros.
« A terme, le site aura 70 opérateurs sur les lignes et une vingtaine de personnes pour les postes administratifs », poursuit-il. Dans le détail, la start-up est spécialisée dans le prétraitement des batteries et la production de la « black mass », cette poudre noire qui contient des métaux stratégiques (nickel, cobalt, lithium, graphite) qu'elle souhaite ensuite fournir à des raffineurs.
Battri va se rapprocher des "gigas-usines" qui poussent comme des champignons dans « la vallée des batteries » des Hauts-France. Automotive Cells Company (ACC), une coentreprise créée par le Groupe PSA (devenus Stellantis), Total et Mercedes-Benz, a choisi de s'installer à Douvrin (Pas-de-Calais) et vient d'entamer sa production. Le groupe sino-japonais AESC-Envision va, lui, poser ses valises à Douai (Nord).
Après avoir hésité avec la Seine-Maritime et l'Indre, Verkor a misé sur Dunkerque (Nord). « Ce site répond à toutes les exigences d'une gigafactory en termes de terrain, de logistique, de capacité énergétique, de proximité des clients, d'accès à une main-d'oeuvre qualifiée et d'expansion. Jusqu'à 1.200 emplois directs et plus de 3.000 emplois indirects pourront être créés au cours de la première phase du projet », expliquait la start-up au moment de l'annonce en 2022. Son usine ne sera pas loin de celle du taïwanais Prologium, qui a également choisi la ville portuaire.
« D'ici à dix ans, on va arriver à plus d'1,5 million de tonnes de matières à traiter annuellement en Europe », estime Maxime Trèves. Sa start-up espère travailler avec ces gigas-usines et se réjouit de la dynamique industrielle à l'oeuvre dans la région. « Les Hauts-de-France impulsent une dynamique très forte. Ils font tout pour faciliter l'accès au territoire aux acteurs industriels innovants », lance-t-il.
Tiamat, une start-up qui conçoit des batteries au sodium-ion pour les marchés de l'outillage portatif, le stockage stationnaire et l'automobile, vise, de son côté, un foncier dans la métropole d'Amiens. La location exacte est, pour l'instant, tenue secrète mais les premiers coups de pioche ne devraient pas tarder.
« Fin 2025, les premières cellules vont sortir de cette ligne industrielle », explique Hervé Beuffe, le dirigeant de Tiamat . « Les Hauts-de-France sont attractifs car, malheureusement avec la désindustrialisation qui a eu lieu ces dernières années, il y a une main-d'oeuvre disponible. Or celle-ci peut être facilement compétente sur la conduite d'équipements industriels ».