Tri des plastiques : comment les territoires vont devoir s'adapter 

Publié le par Les Echos via M.E.

Depuis le 1 er  janvier, l'extension des consignes de tri, qui permet de jeter tous les plastiques dans le bac jaune, s'applique à l'ensemble du territoire. Une partie de ce nouvel afflux de matière sera valorisée dans trois centres spécialisés, créés pour 50 millions d'euros d'investissement.

Pour les collectivités locales, la gestion des déchets plastiques relève souvent du casse-tête. (Xavier POPY/REA)

C'est la fin d'un compte à rebours de plus de sept ans, lancé avec la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Et la poursuite des grandes manoeuvres pour les opérateurs, publics et privés, de la filière des déchets ménagers. Depuis le 1er janvier, la quasi-totalité des Français sont concernés par la simplification du geste de tri. En clair, leur poubelle jaune peut désormais accueillir tous les emballages en plastique, y compris ceux en polyéthylène, en polypropylène ou en polystyrène. Jusqu'à présent, dans le tiers de l'Hexagone où la mesure n'était pas encore entrée en vigueur, barquettes alimentaires, pots de yaourt et bouteilles opaques finissaient enfouis en décharge ou incinérées.

Résultat : un taux de recyclage des plastiques médiocre, d'environ 30 % à l'échelle du pays. Pour l'améliorer, Citeo, l'entreprise à mission créée en 2017 par les acteurs de la grande consommation et de la distribution, a engagé un plan d'investissement massif pour transformer certains centres de tri, aux deux tiers gérés par les collectivités. Pour elles, la gestion de ces déchets relève souvent du casse-tête. Toutes ont dû investir pour informer les usagers, mais aussi former leurs agents, acquérir de nouveaux équipements, voire repenser les tournées de collecte.

Modernisation du tri

« Depuis 2018, 100 millions d'euros ont été investis pour moderniser le parc et favoriser des rapprochements. On compte aujourd'hui 140 centres, contre 200 il y a dix ans », souligne Romain Lebegue, directeur développement collecte et tri de Citeo.

Reste que, même modernisées, peu de plateformes sont capables d'opérer la séparation des nouvelles matières recyclables. Et ce, alors même que le développement du tri entraîne une montée en flèche des tonnages collectés : 15 000 tonnes en 2021, 30 000 en 2022, 70 000 prévues l'année prochaine.

Face à l'ampleur de la tâche, Citeo a trouvé une solution à l'été 2021 pour faciliter une seconde étape de séparation des plastiques rigides. L'éco-organisme agréé par l'Etat, a lancé un appel à manifestations d'intérêt destiné à créer des centres de « surtri » suffisamment modernes pour réceptionner les flux (appelés « flux développement ») des collectivités, les séparer par familles de résines, puis les envoyer vers de nouvelles filières de recyclage, en cours de développement. En septembre dernier, trois opérateurs ont été sélectionnés : le groupe Suez à Epinal (Vosges), Environnement Massif Central à Mende (Lozère) et Bourgogne Recyclage à Ruffey-lès-Beaune (Côte-d'Or).

« Process complexe »

Au total, Citeo et ces trois entreprises injecteront, d'ici à l'année prochaine, une cinquantaine de millions d'euros pour équiper les plateformes. Celle de Ruffey-lès-Beaune - la plus grande des trois avec 3.000 m2 - sera la première opérationnelle. Représentant un investissement total de 23 millions d'euros, elle traitera, à partir du mois de mai prochain, quelque 30 000 tonnes d'emballages par an. Grâce à sa quinzaine de machines de tri optique de dernière génération, le site pourra identifier et séparer pas moins de sept résines différentes.

« Le process industriel est assez complexe. Il vise à décompacter les balles de plastique, avant d'identifier les objets par infrarouge. Notre outil est flexible, puisque nous pourrons à terme, trier une douzaine de plastiques différents », indique Geoffroy Secula, directeur de Bourgogne Recyclage​, filiale du groupe familial E3R. L'entreprise, qui emploie 320 collaborateurs, a recruté une vingtaine d'opérateurs pour son centre de surtri.

Avec cette activité, elle devrait franchir la barre des 100 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année prochaine, contre 90 millions cette année. les deux autres plateformes des Vosges et de Lozère seront respectivement lancées à l'automne 2023 et mi-2024. Celle d'Epinal - un investissement de 15 millions - pourra traiter 25 000 tonnes contre 15 000 pour Mande.

De quoi répondre aux besoins du pays ? Pas sûr. C'est pourquoi Citeo réfléchit déjà à la création de nouvelles infrastructures.

« Il est difficile de faire des projections. Tout dépend du comportement des citoyens et de leur volonté de devenir des trieurs systématiques. Il est cependant certain que les habitudes changent et que les bons gestes progressent. Ce facteur est déterminant pour atteindre rapidement l'objectif de 50 % de plastiques recyclés », note Romain Lebegue.

Selon Plastics Europe, l'organisation des producteurs de plastique européens, les tonnages de déchets mis en décharge ont reculé de 1,3 % en France en 2021.

Source : https://www.lesechos.fr/pme-regions/hauts-de-france/tri-des-plastiques-comment-les-territoires-vont-devoir-sadapter-1893289

Publié dans Déchets, Economie

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