Hydrogène : TotalEnergies lance un projet géant en Tunisie
Le pétrolier et ses partenaires Eren et Verbund signent un protocole d'accord avec la Tunisie pour lancer les études d'un méga projet de production d'hydrogène vert en Tunisie. De quoi potentiellement alimenter une partie des besoins de l'Europe au cours de la prochaine décennie.
Le projet de TE H2 veut associer production d'électricité solaire et éolienne pour produire de l'hydrogène vert et l'exporter ensuite vers l'Europe.
Pour TotalEnergies, l'Europe devra nécessairement importer du reste du monde une partie de l'hydrogène vert qui sera utilisé pour décarboner son industrie et le pétrolier s'y prépare activement. Sa coentreprise TE H2, détenue à 80 % avec le groupe Eren, fondé par Pâris Mouratoglou qui en détient 20 %, vient d'annoncer un partenariat avec l'énergéticien autrichien Verbund pour mettre sur pied un gigantesque projet de fabrication d'hydrogène vert en Tunisie.
Signé ce mardi, le protocole d'accord avec la Tunisie sur ce projet marque « le coup d'envoi d'un projet très ambitieux », confirme David Corchia, le directeur général de TE H2. Encore embryonnaire, ce projet baptisé « Notos » vise - dans une première phase - la construction de 3 gigawatts de capacité de production d'électricité éolienne et solaire.
De quoi permettre la production de 200.000 tonnes d'hydrogène chaque année, dans le sud de la Tunisie. A terme, TE H2 annonce une ambition d'atteindre 15 GW de capacités électriques pour produire 1 million de tonnes d'hydrogène par an. Ce qui en fait, de loin, l'un des plus gros projets de production d'hydrogène vert dans les tuyaux à ce stade.
« L'Europe et une partie de l'Asie sont structurellement déficitaires en énergie décarbonée. A un moment donné, on va devoir importer du vent et du soleil produit ailleurs dans le monde, à des coûts attractifs », estime David Corchia, qui pointe toutefois des défis considérables à relever pour que ce projet tunisien devienne réalité.
Outre les défis industriels et économiques liés à la difficile baisse des coûts des électrolyseurs, TE H2 doit encore sécuriser les terrains, travailler sur l'impact environnemental des éoliennes, les possibilités de construction de son pipeline, etc. « Nous entrons à présent dans une phase de travaux techniques importants destinés à évaluer la faisabilité du projet », explique David Corchia.
Pour acheminer l'hydrogène vert produit en Tunisie vers l'Europe, TE H2 envisage de construire un pipeline jusqu'à la côte tunisienne. L'hydrogène devra ensuite emprunter un gazoduc marin transportant aujourd'hui du gaz, puis le futur pipeline « SoutH2 corridor », prévu d'ici à 2030, pour remonter l'Italie puis l'Allemagne et l'Autriche. « Si tout se passe comme prévu, nous prendrons une décision finale d'investissement à l'horizon 2027, 2028 pour ce projet », explique David Corchia.
Le principal intérêt de Notos pour TotalEnergies, au regard d'autres projets de fabrication d'hydrogène vert avec de l'électricité très bon marché produite dans des contrées lointaines comme celui à l'étude au sud du Chili, dans la région très venteuse de Magallanes, réside dans l'absence de transformation de la molécule pour son transport.
« Le transport par pipeline est moins coûteux que la double transformation en ammoniac qu'exigerait un acheminement par bateaux », pointe David Corchia. A ce stade, TotalEnergies ne donne pas de montant d'investissement prévisionnel pour ce projet d'ampleur mais évoque de « nombreux milliards de dollars ».