COVID-19 : contagiosité, létalité... Tout connaître des différents variants

Publié le par Le Figaro via M.E.

Britannique, brésilien, sud-africain, californien... De nouveaux variants du coronavirus ne cessent d'être découverts par les scientifiques internationaux. Le Figaro répond aux cinq grandes questions qui se posent.

La forte contagiosité de ces nouveaux variants pourrait provoquer plus de morts dans les semaines à venir. Handout / National Institute of Allergy and Infectious Diseases / AFP

Plus d'un an après son apparition en Chine, le Covid-19 continue d'étonner le monde scientifique, qui ne cesse de détecter de nouveaux variants. Ces derniers font craindre un virus plus transmissible, et donc plus mortel. Qu'en est-il vraiment ? Le Figaro fait le point.

Quels sont ces nouveaux variants ?

Britannique, sud-africain, brésilien, californien... Repérés aux quatre coins du globe, certains de ces variants sont déjà présents sur le sol français. «Chaque jour, plus de 2000 personnes sont infectés par un variant», a précisé le ministre de la Santé Olivier Véran jeudi 28 janvier, alors qu'il n'y avait «que» 500 début janvier.

  • Le variant «britannique»

Aussi appelé VOC202012/01, le variant britannique est le premier à avoir fait parler de lui. Détecté le 20 septembre dernier dans le sud-est de l'Angleterre, il a depuis été identifié dans 70 pays différents. Il représenterait, selon le ministre de la Santé Olivier Véran le 19 janvier, 1 à 2% des cas confirmés en France, soit 200 à 300 nouveaux cas par jour. Une évaluation plus précise, et sans doute plus élevée, se fait attendre. Rien qu'en Île-de-France, le variant anglais représente près de 10% des cas dépistés, ont assuré des médecins de l'AP-HP mardi 26 janvier. Son taux de transmission serait entre 50% et 70% plus élevé que le virus de base.

  • Le variant «sud-africain»

Le variant 501Y.V2 est devenu prédominant en Afrique du Sud, où il a émergé en octobre dernier. Il a depuis été identifié dans 31 pays, dont la France. Selon l'épidémiologiste Salim Abdool Karim, coprésident du comité scientifique au ministère de la Santé sud-africain, ce variant «est 50% plus transmissible». Pour l'instant, 10 cas ont été détectés dans l'Hexagone, selon Santé Publique France.

  • Le variant «brésilien»

Le variant brésilien (P.1) a pour la première fois été détecté en janvier, au Japon, sur deux enfants et deux adultes qui revenaient du pays d'Amérique du Sud. Peu de détails ont filtré sur lui, mais il serait plus contagieux. Il serait alors responsable de la multiplication des cas et du nombre de décès au Brésil, notamment dans la région de Manaus, au nord-est du pays. La France ne connaît à ce jour aucun cas lié à ce variant, mais il a été détecté en Allemagne.

  • Le variant «californien»

Découvert mi-janvier par le Centre médical Cedars-Sinai de Los Angeles, ce variant, baptisé CAL.20C, «serait en partie responsable de l'augmentation spectaculaire du nombre de cas au cours des deux derniers mois» en Californie, selon l'établissement. Évoqué pour la première fois en France par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, il est présent dans plus de 30% des contaminations de la Cité des Anges, l'une des villes les plus peuplées des États-Unis.

Ces variants sont-ils plus mortels ?

Si les données concernant les variants sud-africain, brésilien et californien sont encore rares, leur plus forte contagiosité fait craindre au monde scientifique une forte reprise de la pandémie. Selon Jean-François Delfraissy, «les variants sont en train de changer la donne». «Si on continue, il y aura 12%, 14%, 15% de variant britannique dans les semaines qui viennent», a-t-il estimé le 25 janvier. Une contagiosité plus importante signifie, logiquement, plus de morts. Mais le taux de létalité de ces variants, et leur virulence, pose encore question.

Au Royaume-Uni, le premier ministre Boris Johnson a expliqué que le variant britannique «pourrait être associé à un niveau de mortalité plus élevé». Plusieurs études britanniques, aux données limitées, vont effectivement dans ce sens. «Malheureusement, il semble que ce virus soit» peut-être plus mortel, a résumé lundi 26 janvier lors d'une conférence de presse John Edmunds, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui évalue à environ 30% le risque supplémentaire de mourir lié au nouveau variant. «La situation, hélas, s'aggrave vraiment.»

«Sur 1000 personnes infectées, disons des sexagénaires, dix d'entre elles risquent de mourir du virus originel, contre 13 ou 14 personnes avec le nouveau variant», a précisé le conseiller scientifique de Boris Johnson, Patrick Vallance, avant de tempérer ces chiffres en évoquant les «nombreuses incertitudes» qui les entourent. Ils pourraient effectivement être liés à la forte tension hospitalière outre-Manche. «Un tiers de nos patients ont été contaminés par le variant anglais (ou suspecté), nuance Jean-François Timsit, chef de service de réanimation médicale et infectieuse à l'hôpital Bichat, à Paris, mais je n'ai pas remarqué d'augmentation de sa virulence».

Les vaccins sont-ils efficaces face à ces variants ?

Ces nouveaux variants suscitent la crainte des experts : vont-ils réduire l'efficacité des vaccins ? Pour l'instant, le vaccin de Moderna, à ARN messager, est annoncé pour être suffisamment efficace face aux variants anglais et sud-africain. Selon des études préliminaires, le vaccin de Pfizer serait lui aussi efficace contre ces variants.

Mais plusieurs études non-finalisées questionnent quant à l'immunité induite par une précédente contamination, et donc sur l'efficacité des anticorps acquis. Les premières analyses sont plutôt rassurantes concernant le variant anglais : ses mutations lui permettent de mieux pénétrer dans nos cellules, mais elles n'altèrent pas les points cruciaux de la réponse immunitaire. Ce n'est malheureusement pas le cas des variants sud-africain et brésilien. Au moins une mutation modifie la protéine "Spike", qui permet au virus de se fixer à nos cellules. C'est cette protéine que ciblent prioritairement les anticorps. De premières études ont montré que les anticorps de patients guéris pouvaient être jusque 10 fois moins efficaces face à ces variants.

Si les vaccins actuels produisent une réponse immunitaire complète qui va au-delà des anticorps, en constituant une réponse cellulaire notamment, ils pourraient cependant perdre une partie de leur efficacité. Rappelons qu'en 2016, le vaccin contre la grippe avait été moins efficace en raison d'une mutation. En cas de problème, Pfizer a assuré pouvoir être capable de fournir un nouveau vaccin «en six semaines».

Pourquoi existe-t-il des variants ?

Un virus peut muter à chaque fois qu'il se transmet. C'est sa façon de survivre. Le Covid, à l'instar de la grippe, ne déroge pas à la règle, et aurait déjà subi de très nombreuses mutations depuis son apparition fin 2019.

Le Covid-19 est un virus à ARN, composé d'une séquence génétique de 30.000 nucléotides. Il s'oppose ainsi aux virus à ADN, moins susceptibles de muter. Lorsque le coronavirus se réplique pour infecter de nouvelles cellules, son patrimoine génétique est reproduit. Mais quelques erreurs de copie peuvent se glisser dans la nouvelle séquence. Comme si, dans un livre contenant un total de 30.000 caractères, quelques lettres avaient été modifiées ou supprimées lors de sa reproduction. Ces erreurs sont des mutations. La plupart du temps sans conséquences, elles donnent parfois un avantage clé pour la survie du virus, dont une plus grande transmissibilité.

Quelles mesures adoptent les pays pour s'en protéger ?

L'émergence des variants a fait souffler un vent de panique sur l'Europe. Dans le viseur: le Royaume-Uni et son variant. L'Espagne a par exemple interdit l'entrée aux voyageurs provenant d'outre-Manche, à l'exception de ceux résidant en Espagne et en Andorre. L'Allemagne, qui n'exclut pas une fermeture de ses frontières, exige un test aux personnes issues d'une zone à risque, dont fait partie le Royaume-Uni... et la France. Cette dernière demande un test PCR à toutes provenances de l'Union, sauf aux voyageurs usant d'un transport terrestre. La Suède a interdit le 25 janvier pour trois semaines l'entrée sur son territoire depuis la Norvège, sa voisine, après l'apparition d'un foyer de variant anglais près d'Oslo. De son côté, la Belgique a annoncé interdire à sa population les voyages non essentiels à l'étranger - y compris au sein de l'Union européenne - à partir de ce 27 janvier et pour tout le mois de février.

Hors de l'Europe, le gouvernement israélien a décrété la suspension jusqu'au 31 janvier des vols internationaux. Les États-Unis ont également rétabli des restrictions, interdisant l'entrée sur le territoire à la plupart des citoyens non américains s'étant rendus en Grande-Bretagne, au Brésil, en Afrique du Sud et dans une grande partie de l'Europe.

Outre ces mesures frontalières, la crainte a laissé place à des restrictions nationales plus strictes. La quasi-totalité des 27 appliquent un confinement au moins partiel. Les autorités sanitaires françaises ont déconseillé le port du masque en tissu de catégorie 2 et des masques artisanaux, les considérant comme trop peu efficaces face à la contagiosité des variants. En Bavière, le masque FFP2 est imposé dans les commerces et les transports en commun. En Autriche, la plupart des lieux fermés sont concernés par cette obligation.

Source : https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-contagiosite-letalite-tout-connaitre-des-differents-variants-20210127

Publié dans COVID-19, Santé

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