Quel avenir pour Lille ?
Le pire des scénarios envisagés s'est hélas réalisé, ce dimanche 28 juin. Il n'y aura donc pas de vraiment renouvellement des idées, pas de vrai fonctionnement démocratique, de mode de gouvernement de la ville participatif et transparent ; il y a fort à parier aussi que les enjeux écologiques, de santé environnementale, de sécurité, de propreté et de séparatisme ethnique et religieux ne seront pas mieux pris en compte que précédemment. Il n'y aura pas plus de cette empathie et cette écoute pourtant indispensables des Lilloises et des Lillois. Trois mandats ont déjà été perdues.
Ce score piteux est-il digne d'une personne qui se targue d'avoir été ministre, d'avoir été chef d'un grand parti, d'être passé par l'ENA, d'avoir été hébergé par Jean Gandois dans le groupe Péchiney pour s'occuper des affaires nucléaires ?
Malgré tout, elle pourra bénéficier de 43 sièges sur les 61 du futur conseil municipal de Lille contre 12 pour le groupe EELV et associés et 6 pour le groupe LREM et associés... c'est la législation actuelle !
Quelle va être la légitimité de cette élue d'une très petite minorité d'inscrits (12,4 %) et d'une fraction minoritaire des votants (40,0 %) ? 31,7 % des électeurs inscrits seulement ont voté y compris avec procuration.
Pour faire ce qu'il faut pour la ville, il faudrait disposer d'une vraie majorité et mobiliser le plus grand nombre. La vraie rupture écologique ne peut se réaliser que par une vision partagée pour la ville, une impulsion municipale forte, le soutien de l'Etat, l'engagement des acteurs territoriaux et la participation et le changement de comportement des Lilloises et Lillois.
"Je connais et j'ai entendu l'expression d'une volonté, partout en France, d'aller plus loin sur cette transition écologique. Nous le ferons en réduisant les inégalités sociales. " Déclaration de Martine Aubry, lors de la soirée électorale du 28 juin 2020.
"Allez plus loin dans la transition écologique", on reconnait la capacité d'expression en "langue de bois" de Madame la Maire de Lille. Je vous invite à lire le bilan de ces trois mandats précédents publié sur ce site : http://www.vigieecolo.fr/2020/06/pourquoi-il-ne-faut-pas-attribuer-un-quatrieme-mandat-a-madame-aubry.html
Quant à réduire les inégalités sociales, que Madame la Maire s'attaque au plus dramatique, c'est à dire les mendiants que l'on voit à tous les coins de rue, les multiples bidonvilles de la ville de Lille et à la précarité énergétique qui touche de très nombreux habitants. Sur les deux premiers volets cités comme exemple de l'extrême pauvreté, il est temps de passer des discours dithyrambiques sur "l'excellence de la ville" à des actes prouvant volonté, solidarité, humanité et fermeté.
Enfin, tous les élus et citoyens devraient interpeller l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et les familles (certes souvent recomposées) pour comprendre comment on a pu en arriver à un tel désintérêt des jeunes générations [1] [2] pour la citoyenneté, la responsabilité et la vie démocratique et comment, ces mêmes acteurs envisagent de les désintoxiquer ces jeunes générations du monde virtuel, ludique et de la culture "du tout pour moi, tout, tout de suite".
On ne fait pas société avec des électrons libres qui n'ont plus confiance en personne, qui ne partagent plus les mêmes valeurs et ne croient plus en rien !
M.E.
[1] Voir l'étude "Les jeunes et les élections municipales de 2020" de l'IFOP, 3 mars 2020
[2] les 18-34 ans (72%) se sont davantage abstenus que les plus de 60 ans (43%) d'après un sondage IPSOS / SOPRA Steria réalisé les 26 et 27 juin 2020.
Données sur l'abstention dans la métropole lilloise : Armentières : 68,44% - Lambersart : 63,98% - Lille : 68,27% - Roubaix : 77,25% - Villeneuve d'Ascq : 71,99% -Wasquehal : 66,30%